Dakar / Gaborone / Genève, 5 octobre 2015 – Près de 60 millions d’habitants de l’Afrique sub-saharienne, soit pratiquement l’équivalent de la population du Royaume-Uni, n’ont pas assez à manger cette année et tout indique que la production alimentaire va encore se dégrader. La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) appelle au renforcement de l’assistance en vue d’atténuer les carences alimentaires et de se préparer à une probable aggravation de la situation pour les cultivateurs.
« La récurrence des crises d’insécurité alimentaire en Afrique plonge beaucoup de gens dans une espèce d’apathie. Pourtant, la situation à laquelle sont aujourd’hui confrontés des millions de familles n’est pas inéluctable et ne devrait pas être tolérée », note Michael Charles, représentant régional par intérim de la FICR en Afrique australe. « Il y a beaucoup de choses que nous pouvons faire pour enrayer cette crise et atténuer son impact sur les personnes vulnérables; mais, pour cela, nous avons besoin d’un soutien international. »
En 2014 et 2015, une succession de chocs climatiques a ravagé les cultures, rendant une multitude d’individus dépendants de l’aide alimentaire. En Afrique australe, inondations et sécheresse ont entraîné une baisse significative de la production de maïs, la denrée de base régionale. Dans le Sahel et en Afrique orientale, précipitations erratiques, échec des récoltes et violences ont miné les ressources de maintes communautés agricoles.
Mais le pire reste à venir. Le phénomène climatique El Niño, caractérisé par un réchauffement dans l’Océan Pacifique, devrait se renforcer dans les mois à venir et persister jusqu’en 2016. El Niño affecte le régime des pluies, accroissant le risque d’événements météorologiques extrêmes. Le Centre climatique de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge prévoit une probabilité accrue d’inondations en Afrique équatoriale et un risque en hausse de sécheresse dans certaines parties d’Afrique australe et du Sahel.
« De nombreuses familles en sont déjà réduites à un repas quotidien composé de feuilles et autres aliments de substitution à très faible valeur nutritive, ou passent même plusieurs jours sans repas cause du manque de pluie », explique Miriam Grove, chargée d’opération de la FICR pour le Sahel. « Ces gens ont un urgent besoin d’assistance. En agissant dès maintenant, nous pourrions maintenir leur état nutritionnel et leur fournir les outils et semences nécessaires pour faire face à la probable aggravation de la situation dans les mois à venir. »
Pour répondre aux besoins les plus pressants de quelque 205 000 personnes particulièrement vulnérables, la FICR a lancé six appels d’urgence pour la Gambie, la Mauritanie, le Malawi, la Namibie, le Sénégal et le Zimbabwe. D’un montant global avoisinant les 8 millions de francs suisses, ceux-ci combinent une aide alimentaire d’urgence et des programmes de préparation aux catastrophes qui contribueront à limiter l’impact de futurs chocs climatiques sur les communautés concernées. A travers tout le continent, la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge sont également engagés dans des initiatives de sécurité alimentaire à long terme au bénéfice de millions d’habitants.
A défaut d’un soutien accru, toutefois, l’avenir s’annonce très sombre pour beaucoup de communautés affectées. La malnutrition est déjà alarmante en Afrique sub-saharienne. Selon l’UNICEF, 37% des enfants de la région souffrent de retards de croissance, signe de carences nutritionnelles de longue durée. Une diminution ultérieure de la disponibilité d’aliments nutritifs menacerait sérieusement la survie des enfants, mais aussi des personnes séropositives au VIH et d’autres groupes vulnérables.
« Déjà, l’insécurité alimentaire et les difficultés économiques poussent beaucoup de gens à recourir à des stratégies négatives », observe Michael Charles. « Des parents retirent leurs enfants de l’école pour les mettre au travail, des femmes se prostituent pour pouvoir manger, s’exposant du même coup à l’infection par le VIH, des fermiers vendent leur bétail et se retrouvent ainsi privés d’animaux indispensables pour travailler la terre. En s’attaquant sans attendre à la crise alimentaire et en garantissant le financement durable de programmes de sécurité alimentaire à long terme, on évitera que ces populations ne s’enfoncent plus profondément dans la spirale de la vulnérabilité. C’est maintenant qu’il nous faut agir. »
La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) est le plus grand réseau humanitaire du monde basé sur le bénévolat. Par l’intermédiaire de ses 189 Sociétés nationales membres, elle assiste chaque année quelque 150 millions de personnes. Ensemble, nous agissons avant, pendant et après les catastrophes et les urgences sanitaires afin de répondre aux besoins et d’améliorer les conditions d’existence des plus vulnérables. Nous le faisons en toute impartialité, sans aucune considération de nationalité, de sexe, de croyance religieuse, de milieu social ou d’opinion politique. Pour plus d’informations, visitez notre site www.ifrc.org. Vous pouvez aussi nous rejoindre sur Facebook, Twitter, YouTube et Flickr.
Note aux rédacteurs
Sahel
Selon le cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), en mars 2015, 23.052.000 habitants du Sahel étaient à la phase dite ‘sous pression’ et 4.749.000 à la phase critique de l’insécurité alimentaire.
En Gambie, plus de 1,6 million de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire, suite à une chute de 24% de la production céréalière. La FICR cherche à recueillir 1.570.943 francs suisses en vue d’assister à court et à long termes 63.000 personnes particulièrement vulnérables. Son appel est actuellement financé à 7%.
En Mauritanie, le manque de pluie a ruiné la production céréalière et eu un sérieux impact sur le secteur de l’élevage. En janvier 2015, 23,8% des ménages étaient dans une situation d’insécurité alimentaire, 723.000 personnes se trouvant à la phase ‘sous pression’ et 260.000 en phase critique. La FICR a lancé un appel d’urgence de 998.467 francs suisses en vue d’assister à court et à long termes 37.400 personnes particulièrement vulnérables. L’appel est actuellement financé à 4%.
En mars 2015, 2,3 millions d’habitants du Sénégal étaient considérés ‘sous pression’ du point de vue de l’insécurité alimentaire et 639.702 en phase critique. Des projections à août 2015 portaient ces chiffres à 3.147.370 et, respectivement, 1.039.550. L’appel d’urgence de la FICR, d’un montant de 2,5 millions de francs suisses, vise à fournir une assistance à court et à long terme à 72.000 personnes. Il est actuellement financé à 6%.
Afrique australe
On estime que 27,4 millions d’habitants de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) manqueront de nourriture en 2015 suite à une succession de chocs climatiques en 2014 et 2015, et seront dépendants de l’aide humanitaire pour leur survie.
Plus de 2,8 millions d’habitants du Malawi souffrent d’insécurité alimentaire suite à une chute de 30% de la production de maïs. La FICR cherche à recueillir 768.264 francs suisses afin de fournir une aide alimentaire et un soutien aux moyens de subsistance de quelque 10.000 personnes particulièrement vulnérables.
En Namibie, plus d’un demi-million de personnes sont durement affectées par la sécheresse et l’insécurité alimentaire. La FICR cherche à recueillir 950.205 francs suisses afin d’assister 11.500 personnes particulièrement vulnérables durant sept mois, en mettant l’accent sur l’eau, l’assainissement et la promotion de l’hygiène, la sécurité alimentaire, la nutrition et les moyens de subsistance. La FICR cherche à recueillir 832.086 francs suisses afin de fournir nourriture, eau potable et soutien aux moyens de subsistance à des agriculteurs du Zimbabwe, où 1,5 million de personnes n’auront pas de quoi satisfaire leurs besoins nutritionnels de base durant la saison creuse de novembre à février.
Pour plus d’informations:
A Gaborone:
Kate Seymour, chargée de communication, FICR Afrique australe
Mobile: +267 713 953 34 Courriel: kathryn.seymour@ifrc.org
A Addis-Abeba:
Katherine Mueller, responsable de la communication, FICR Afrique
Mobile: +251 930 03 3413 Courriel: katherine.mueller@ifrc.org
A Genève:
Benoit Carpentier, communication publique, FICR
Mobile: +41 792 132 413 Courriel: benoit.carpentier@ifrc.org